Aux IIIe, IVe siècles et peut-être au Ve
siècle, dans les pays de la
- /è/ > /iè̯/ (> /yè/ en occitan, souvent > /i/ en français)
- /ò/ > /ʋò̯/ (puis > /üò/, /üé/ en occitan avec de nombreuses variantes possibles, /œ/ en français)
(IPHAF:30-31)
(Détails : PHF-f2:219 et suivantes).
La diphtongaison romane n'affecte que la voyelle tonique, et non la voyelle atone ; pour preuve on peut donner les alternances suivantes :
(l'accent tonique est souligné ci-dessous, je rappelle que cette diphtongaison affecte très peu l'occitan ; je donne ainsi peu d'exemples pour l'occitan mais davantage d'exemples pour le français)
fr feu (< fŏcŭm) (ci-dessous fŏcŭm) / foyer (< *fŏcārĭŭm) ; oc fuòc / fogau (< *fŏcālĕm) ;
fr liège (< *lĕvĭŭm) / léger (< *lĕvĭārĭŭm) ;
fr Nièvre / Nevers (à mieux étudier) ;
fr neuf (< nŏvŭm) / nouveau (< nŏvĕllŭm) ;
fr (il) vient (< vĕnĭt) / venir (< vĕnīrĕ)
it Sienna "Sienne" / senese "siennois"
Il faut préciser qu'il s'agit d'une alternance liée à l'ancienne règle de fermeture des atones du latin.
Dans les domaines gallo-roman et catalan, on peut distinguer deux
phénomènes différents : la diphtongaison romane spontanée
et la diphtongaison romane conditionnée.
Dans ces domaines, les deux types de diphtongaison affectent /è/ et /ò/
- la diphtongaison spontanée
se réalise devant n'importe quelle consonne latine (non palatalisée 1),
ou
même devant une voyelle en
- la diphtongaison conditionnée
se réalise seulement devant une
1 Les consonnes du latin classique ne sont pas des palatales, à l'exception de yod.
Pour les datations, les références sont : IPHAF:182 pour /è/, IPHAF:185 pour /ò/.
La diphtongaison romane se réalise "par l'avant" (c'est la partie initiale de la voyelle qui est modifiée), et aboutit à une diphtongue ouvrante. Cela signifie que son degré d'aperture croît au cours de son émission (la bouche s'ouvre davantage) : è > i̯è ; ò > ʋ̯o.
Le schéma et la carte ci-dessous permettent de situer l'occitan parmi les autres langues romanes, du point de vue des conditions de la diphtongaison romane.
Schéma : la diphtongaison romane parmi les langues romanes.
Diphtongaison romane spontanée dans la
Romania.
Le domaine d'oc est situé ; il montre l'absence de diphtongaison
romane spontanée (si ce n'est devant k
et w). Le document provient
de TIMD:13, adapté. Remarquons que la Dacie
(Roumanie actuelle) montre seulement la diphtongaison /è/ > /i̯è/
(je sur la carte) ; cela est
à relier avec la date plus tardive de la diphtongaison /ò/ >
/ʋ̯ò/, qui aurait affecté la Romania après l'isolement de la Dacie
en 271 après J.-C. (DLCALI:67).
Cependant,
le domaine d'oc est très peu affecté par la diphtongaison, et les
domaines catalan, portugais et sarde ne sont pas du tout affectés
(sauf pour certains dialectes portugais).
L'évolution ci-dessous concerne essentiellement le français, qui subit
la diphtongaison spontanée (l'occitan ne la subit pas) ; quelques mots
occitans subissent la diphtongaison conditionnée : lĕctŭm
> liech "lit". Seuls ces derniers suivent donc les étapes
ci-dessous.
ĕ /é/
> (Ier siècle : ĕ > /è/) /è/
> (diphtongaison romane) /iè̯/
> (assimilation d'aperture : le 2e élément se ferme d'un degré) /ié̯/
> (vers 1200 : bascule des diphtongues) /i̯é/
> (consonification i > y) /yé/
> (XVIIe siècle : loi de position) /yè/ seulement devant consonne articulée, /yé/ ailleurs.
À continuer.
Voir ci-dessous schéma de la descendance de o
latin
Sources : notamment P. Fouché (ci-dessous).
Il faut que j'étudie mieux l'aspect de
la fermeture de o (ó, ó) et la loi de position à la fin.
ŏ /o/
> (diphtongaison romane)
/
Voie 1 :
> (assimilation
d'aperture : le 2e élément se ferme d'un degré)
/
> (vers le VIIIe siècle : antériorisation du u) /uó̯/
> (vers 1200 : bascule des diphtongues) /u̯ó/
> (consonification u > ü) /üó/
>
prolongement possible :
> (différenciation de point
d'articulation) /
> (consonification i > y) /yó/
> (XVIIe siècle : loi de position) /yò/ seulement devant consonne articulée, /yó/ ailleurs.
Voie 2 :
> (différenciation de point d'articulation) /
> (vers le VIIIe siècle : antériorisation du u) /ué̯/
> (vers 1200 : bascule des diphtongues) /u̯é/
La diphtongue /ʋò/ est
celle qui a donné le plus grand nombre de descendants, avec des
diphtongues, des triphtongues variables, ou bien des voyelles simples
(après
L'étude (assez confuse) menée par Jules Ronjat (GIPPM-1:159 à 188) l'amène à distinguer (p. 184)
quatre scénarios menant à quatre aboutissements :
(e.g.n.a.)
ω. > /üò/
α. > /yò/ (< /üò/)
β. > /üé/, (/üè/, /üa/, /iè/, /yœ/, /œ/,
/u/, /yüé/, /üë/...
ε. > /wé/
Je tente ici de replacer ces scénarios dans le cadre de la
1. Diphtongaison ŏ > /ʋò/. On peut distinguer
trois phénomènes, qui ont probablement eu lieu à des époques différentes
:
- diphtongaison romane spontanée (fŏcŭm > fuòc) ;
- diphtongaison romane conditionnée (par palatale : nŏctĕm > nuech) ;
(- phénomène apparenté : diphtongaison de ūl > /ʋòl/ : cŭcūlŭm
> cogüòu).
2. Différenciation
/ʋò/ > /ʋé/.
3. Antériorisation du /ʋ/ : /ʋ/ > /u/, typique de la Gaule et de l'Italie du nord.
4. Bascule des diphtongues, exemple : /ʋò/
> /ʋò/.
5.
6. Différenciation
/üò/ > /yò/.
7. Labialisation /üé/ > /üë/ et nombreuses autres transformations
pour donner la grande variété de l'aboutissement β ci-dessus.
Je présente ci-dessous une étude particulière de l'étape 3
"antériorisation du /ʋ/", qui a des conséquences fondamentales dans le
domaine d'oc.
L'antériorisation
du
/ʋ/ est un phénomène encore mal expliqué, affectant la majorité de
la Gaule et le nord de l'Italie vers le VIIIe siècle. Elle a
fait évoluer la prononciation latine de ū
depuis /
Le développement ci-dessous expose un
raisonnement personnel, concernant l'occitan,
tout en le situant dans l'ensemble de la
Remarque : Il est regrettable que les articles qui traitent
l'antériorisation du /ʋ/ se limitent au devenir du ū
latin : mūrum > mur, mātūrum >
mûr, frūctum > fruit...,
et n'abordent jamais, à ma connaissance, le devenir de la diphtongue
/ʋò/.
Le tableau ci-dessous montre que dans les domaines d'antériorisation de /ʋ/ (domaine occitan et domaine français), l'évolution de /ʋò/ s'inscrit dans le schéma d'évolution en /u/, par opposition aux autres domaines où /ʋò/ s'inscrit dans un schéma de conservation de /ʋ/.
|
ū /ʋ/
|
ū
> /u/
|
||
latin
|
castillan
|
italien
|
occitan
|
français
|
diphtongaison
spontanée
(occitan
: devant k et v) |
||||
fŏcŭ(m) | fuego |
fuoco |
fuòc
/ fuec... |
(feu) |
lŏcŭ(m) | luego
< lŏcō |
luogo |
luòc
/ luec... |
luec > lieu |
bŏvĕ(m) | buey |
bue | buòu... |
*buof > bœuf |
ōvŭ(m) > ŏvŭ(m) | huevo |
uovo |
uòu... |
*uof > uef > œuf |
diphtongaison
conditionnée
par palatale |
||||
pŏdĭŭ(m) |
piòg / pueg... |
puy | ||
hŏdĭē | (hoy) |
(oggi) |
(l) iòi
/ uei |
hui |
ĭnŏdĭăt | (enoja) |
(annoia) | enueia... |
ennuie |
mŏdĭŭ(m) | (moyo) |
muòg
/ mueg |
mui(d) | |
*trŏjă(m) | (troia) |
trueia |
truie | |
cŏctŭ(m) |
(cotto) |
quiòch / cuech |
cuit |
|
cŏxă(m) |
(coscia) |
cueissa |
cuisse |
|
nŏctĕ(m) | (noche) |
(notte) |
nuòch
/ nuech... |
nuit |
*vŏcĭtŭm > *vŏctŭm ? | vuoto (a.it. vòito) (1) |
vuege |
vuide > vide | |
fŏlĭă(m) | (hoja) |
(foglia) |
fuòlha
/ fuelha |
(feuille) |
ŏcŭlŭ(m) > *ŏclŭ | (ojo) |
(occhio) |
uelh... |
uel > œil |
cŏrĭŭ(m) | cuero
(2) |
cuoio (2) |
cuer |
cuir |
lŏngē | luenh... | luinz > loin |
Tableau. Prononciation de l'élément de
diphtongue u issu de la diphtongaison romane de la voyelle
latine ŏ. L'élément u se prononce /ʋ̯/ en domaine de conservation du son latin /
(1) Pour *vŏcĭtŭm, it vuoto, voir vŏcĭtŭm (Évolution des proparoxytons).
(2) Pour cŏrĭŭm, on voit le
problème dans le tableau : comme l'italien et l'espagnol n'ont pas de
diphtongaison conditionnelle, ils ne devraient pas apparaître avec une
diphtongaison dans ces langues. (Le mot aurait-il voyagé à partir de la
Gaule ?).
Remarque 1 : l'italien présente le type /uo/, mais le type /ue/ existe
en Italie au moins dans les Pouilles en salentin médiéval (fueco,
lueco, cuero... in DREM:173).
Remarque 2 : il faut que j'étudie nŏcĕt > il nuit (diphtongaison conditionnée par y ? : nŏcĕt > *nŏct > *nòyt ?)
Il faut ajouter que dans les deux îlots de conservatisme du /ʋ/ que sont le domaine franco-provençal et le domaine wallon, les diphtongues concernées se prononcent également avec /ʋ̯/ (d'où peut-être la prononciation /wit/, /nwi/ pour "huit", "nuit"... dans l'accent belge). Voir ū latin > /u/.
↑ Pierre Fouché décrit le phénomène (PHF-f2:293) :
(u.s.p.s.m.g.) "Par suite de la tendance
qu'éprouve une voyelle à se fermer au contact d'une autre voyelle plus
ouverte (phénomène de différenciation), /òo/
a passé à /óo/ puis à /
(je n'arrive pas à trouver la signification
du 2e o dans /òo/ ci-dessus, que l'auteur écrit sous la forme
d'un omicron ; ce doit être un "o moyen")
Le même auteur signale pour la diphtongue /
(u.s.p.s.m.g.) "buœ̃n < bŏnu, cuœ̃ns < cŏmes, suœ̃n < sŏnu, tuœ̃nt < tŏnet, buœ̃ne < bŏna, suœ̃ne < sŏnat, tuœ̃ne < tŏnat, uœ̃m < hŏmo. Cf. de plus tuœ̃n, suœ̃n, avec les féminins
correspondants tuœ̃ne, suœ̃ne. Remarque : Dans les dialectes
où la
Jean-Marie Pierret donne (PHF-p:189) :
(u.s.p.s.m.g.) "Les graphies les plus anciennes
attestent uo (buona
: Eulalie, 1). Le segment final se différencie en
[é], d'où [ué̯]. On suppose que [
↑ Noëlle
Laborderie signale pour nŏctĕm
(PPH.,
p.n.a.)
:
(u.s.p.s.m.g.) "IXe-Xe siècle, comme dans la diphtongaison spontanée" : différenciation /ʋói/ > /ʋéi/, puis antériorisation de /ʋ/ > /u/ : /ʋòi/ > /uéi/... > nuit.
Par contre, selon Gaston Zink, l'antériorisation de ʋ dans la
diphtongue /ʋò̯/ s'est réalisée tardivement, "sous la seule attirance de
PHF-z:131 (e.g.s.p.s.) "Le
↑ De
même, François de La Chaussée (IPHAF:125) ne fait jamais intervenir
l'antériorisation du /ʋ/ pour le français : pour ʋói
puis ʋèi (nŏctem,
cŏrium) :
(e.g.s.p.s.) "La triphtongue perd son élément
médian : /ʋói̯/ > /ʋéi̯/ > /ʋi̯/,
et le /ʋ/ avance son lieu
d'articulation sous l'influence du /i/, d'où /ui/
qui bascule en /üi/."
Pour cŏr > "cœur", voir datation
uo > ué pour le type
"cœur".
Pour fŏcŭm > "feu", voir fŏcŭm
"feu".
Schéma de l'évolution du ŏ tonique libre dans la Romania
J'indique dans le schéma ci-dessous ce que j'appelle le "type fuoco" (toute la branche de /ʋò/ menant à it fuoco, oc fuòc, fiòc) ; et le "type fuego" (toute la branche menant à esp fuego, oc fuec, fr "feu", a.sal. fueco). Voir aussi ci-dessous l'évolution détaillée de fŏcŭm.
Schéma. Descendance de la voyelle
latine ŏ
Pour ʋò > ʋé, il est possible que cette évolution se soit réalisée plusieurs fois dans la Romania, indépendamment dans plusieurs régions. Voir par exemple la différenciation assez tardive quor > quer pour "cœur" (XIe siècle).
Pour l'évolution menant au type français "feu", le scénario est discuté ; beaucoup de linguistes français rattachent bien l'évolution *ʋé > *üë à l'antériorisation du ʋ, mais F. de La Chaussée ne le fait pas (ci-dessus). D'où le chemin en poitillés et les points d'interrogation, avec deux voies possibles.
Pour la datation de l'antériorisation de ʋ, voir la discussion pour le
domaine d'oïl à Évolution
de la diphtongue /ʋò̯/ < ŏ.
Pour l'occitan, l'étude ci-après montre que la diphtongaison romane
spontanée affecte assez souvent les /ò/
L'expression
"diphtongaison spontanée devant k et w" peut donc sembler paradoxale
puisqu'elle semble plutôt conditionnée que spontanée. Mais il faut se
situer dans l'ensemble des langues romanes. La diphtongaison
spontanée affecte de manière semblable le français, l'italien (miele, fiero, dieci, cuore...), et
de façon plus intense le castillan,
dans lequel même les voyelles
Concernant le français, T. Scheer et Ph. Ségéral attirent l'attention sur le fait qu'il existe très souvent des variantes non diphonguées, sous-estimées par les linguistes, et qui témoignent d'une variation de la diphtongaison romane.
PH-2020:222 : "La diphtongaison romane est
intrinsèquement productrice de variation : très souvent les mots qui la
pratiquent connaissent également une forme non diphtonguée (que les
grammaires typiquement ne mentionnent pas). Cette forme est souvent
minoritaire ou rare, mais dans certains cas parfaitement courante selon
la documentation du TL : feru > fier, fer
Une telle variation n'existe pas pour la diphtongaison
française (pira > peire, poire
Concernant l'occitan, on peut constater aussi une telle irrégularité, par exemple (ci-dessous) nŏvŭm > formes non diphtonguées pr nòu, d nòve ; formes diphtonguées lim niòu, rouerg nuòu "neuf, adj."...
Même au sein du même dialecte, l'irrégularité est notable :
nŏvŭm > pr nòu "neuf" (pas de diphtongaison) ;
bŏvĕm > pr buòu, biòu "bœuf" (diphtongaison).
Cette irrégularité témoigne d'accents variables selon les mots au sein même d'une région de l'Empire Romain, tout en marquant des différences très nettes entre régions, par exemple entre futur domaine d'oc et futur domaine d'oïl.
La diphtongaison romane spontanée affecte très peu le domaine d'oc
(voir ci-dessus) : elle affecte seulement la voyelle ò
La diphtongaison spontanée s'est produite dans la moitié nord de la
Gaule :
- vers le début du IIIe siècle pour la voyelle è (IPHAF:182) ;
- vers le début du IVe siècle pour la voyelle ò
(IPHAF:185).
Peut-être en est-il de même pour le sud de la Gaule.
Cette partie exprime des études et des conclusions personnelles, développées ici en 2017.
Comme expliqué ci-dessus, l'expression "diphtongaison spontanée" est
ici ambiguë, puisqu'en occitan, on pourrait dire qu'elle est
conditionnée par /k/ et /
Par ailleurs, cette diphtongaison ne
touche que la voyelle /ò/, et pas dans tous les mots.
Le site essaie de répertorier tous les mots concernés (ils ne sont pas
nombreux), et en effet ceux contenant /è/ n'ont pas diphtongué.
En fonction des éléments précédents, on peut dire pour l'occitan :
au début du IVe siècle pour la
voyelle ò
/ò/ > /ʋò̯/
La voyelle /è/ ne diphtongue jamais en occitan devant k,
au contraire du français, où sa diphtongaison est générale.
Jules Ronjat (GIPPM-1:151) ne donne qu'un exemple très marginal
de cette diphtongaison en occitan : un possible suffixe latin *-ĕcŭ
> suffixe béar -iec,
que l'auteur ne trouve que dans béar
(ar)rebohiec "revêche" (GIPPM-3:350-351 ; "-iego
≈ -ego est fréquent en esp,
port"). Il cite aussi le
cas de sæquĭt "il suit"
(ci-dessous), bien qu'on n'ait pas affaire à la consonne /k/, mais /
L'ancien occitan montre l'absence de
diphtongaison de /è/ : cæcŭm
> cèc /sèk/. Cæcŭm
fait visiblement partie des cas où æ
a évolué en /è/, voir la monophtongaison
de
æ et œ.
En espagnol, on a ciego, en
Par ailleurs pour l'a.fr.,
selon PHF-f3:630, la chute de
cæcŭm
/kèːk |
||
Occitan
: |
||
> (vers
l'an 300 : 2es
palatalisations) |
||
> (vers
l'an 400 : sonorisations)
*/ |
||
> (fin Ve
siècle : -u > -ó)
*/ |
||
> (à partir du VIe siècle : dépalatalisation) */tsègó/ | ||
> (VIIe,
VIIIe siècle : apocopes)
*/tsèg/ |
||
> (renforcement
de
g devenu final)
*/tsèk/ > (vers l'an 1200 : désaffrication) */sèk/ |
| | |
→
AO
c |
féminin : cæcăm
/kèːka/
"aveugle"
|
||
> (à partir du VIe
siècle : dépalatalisation)
*/tsèga/
|
||
> (vers l'an 1200 : désaffrication)
*/sèga/
|
→ AO c (SDouc in VSD:226) |
|
Français : |
||
> (vers
l'an 300 : 2es
palatalisations, IIIe et IVe siècles
: diphtongaison romane) |
||
> (vers
l'an 400 : sonorisations)
*/ |
||
> (Ve
siècle : spirantisation
puis
amuïssement avant -u
> -ó) */ |
||
> (synérèse)
*/ |
||
> (à
partir du VIe siècle : dépalatalisation)
*/tsiè̯ʋ̯/ > (vers 1200 : désaffrication et bascule des diphtongues) /si̯éʋ̯/ (selon PHF-f2:330 - mais il n'est pas clair - la bascule des diphtongues entraîne è > é) |
| | | | |
→
a.fr. cieu |
féminin : ? je n'ai pas trouvé de
féminin en a.fr.
mais on peut reconstituer
|
||
Le cas est identique à celui de cæcŭm ci-dessus. L'occitan n'a pas diphtongué /è/ : græcŭm > grèc /grèk/, /grè/. En français et en espagnol, le mot a diphtongué : a.fr. grieu, griu, esp griego. Le français "grec" est un emprunt au latin (CNRTL), ou bien à l'occitan.
Pour le français "grive" : (on pensait que cet oiseau hivernait en Grèce).
P. Fouché (selon
masculin : CSS gris,
grieus / CRS grieu,
griu,
féminin : CSS griue, grive / CRS griue, grive
Voici l'évolution phonétique et analogique proposée pour ce paradigme a.fr. :
(nom) græcŭs
/grèːk |
|
> (évolution comme cæcŭm > cieu ci-dessus) */griè̯ʋ̯s/ | |
> (évolution particulière de ʋ̯ devant -s) */griè̯ü̯s/ > */griè̯i̯s/ | |
> (iei > i) /gris/ |
→ a.fr. (CSS) gris |
(acc) græcŭm
/grèːk |
|
> (évolution comme cæcŭm > cieu ci-dessus) */griè̯ʋ̯/ | → a.fr. (CRS) grieu |
Analogie du CSS sur le CRS grieu
: formation d'un nouveau CSS
(rajout du -s) grieus (
|
→ a.fr. (CSS) grieus |
Analogie du CRS grieu
sur le CSS
gris : grieu
> griu */griʋ̯/
(réduction de la triphtongue) ( |
→ a.fr. (CRS) var griu |
Féminisation de griu
: griu + -e > griwe
(
|
→ a.fr. (fém) griue |
(renforcement de w)
> grive (
|
→ a.fr. (fém) var grive |
Masculinisation probable du
masculin sur le féminin grive
(comme "juif" sur "juive") selon le paradigme vis
(< vīvŭs) / vif (< vīvŭm). (
|
→ a.fr. (CRS) |
Pour l'occitan : dĕcĕm
> dètz. La voyelle /è/
n'est pas affectée en occitan, mais elle l'est en français (dix <
On aurait donc (scénario 1) :
occitan : dĕcĕm >
(scénario 2) :
occitan : dĕcĕm >
Pour le français :
(IPHAF:115, 124, n'est pas très clair, je déduis de son texte le scénario suivant)
français : dĕcĕm > (3es
palatalisations, avec i
diphtongal, et diphtongaison spontanée)
Ou bien (c'est ce que comprend PHF-p:195
:
"Pour de La Chaussée (114-115)...") :
français : dĕcĕm >
(diphtongaison devant k) dièké
> (3es palatalisations, avec i
diphtongal) >
(Les deux scénarios sont possibles car les 3es palatalisations et la diphtongaison spontanée de è ont dû se réaliser dans la 1e moitié du IIIe siècle).
Là encore, /è/ est diphtongué en
français, mais pas en occitan :
occitan : prĕcăt, nĕcăt > prèga, nèga ;
français :
prĕcăt > */prièkat/
> */priègat/ >
*/priè
nĕcăt "il noie" >
normalement
Là aussi, l'ancien occitan montre l'absence
de
diphtongaison de /è/. L'évolution de sæcŭlŭm
est "demi-savante" en occitan comme en français (sinon elle aurait
abouti à
Le lat.pop. sæquĭt était utilisé à la place du
lat.class. sequitur
: dans ce cas, il y a une
diphtongaison de /è/ dans une partie du domaine d'oc : sæquĭt
a évolué en (AO) siec / sèc
(voir notamment les formes dans HLPA:67) ; comparer avec IPHAF pp. 58, 59 pour l'évolution avec le
français (à mieux étudier). Siègue
"il suit" est donné en (
La voyelle /ò/ diphtongue en occitan, comme en français.
latin
LPC
|
|
occitan
|
|
français
|
ŏ devant c |
> |
/u̯ò/, /u̯è/ |
> |
/(y)ë/ |
|
|
|
|
|
cŏquŭm > cŏcu(m) |
|
AO cuòc, cuec (1) |
|
queux |
crŏcŭ(m) |
|
AO gruòc, gruec |
|
("jaune" :
crocus, safran) |
fŏcŭ(m) |
|
fuòc, fuec |
|
feu |
jŏcŭ(m) |
|
jòc, juec |
|
jeu |
lŏcŭ(m) |
|
luòc, luec |
|
lieu |
hŏc |
|
AO uec (òc) |
|
(oui < hŏc ĭllĕ) |
sŏcră(m) |
|
AO
s |
|
a.fr. sogre,
soivre "belle-mère" |
sŏcrŭ(m) (sŏcĕrŭm) |
|
AO
s (s |
|
a.fr. sogre,
suire "beau-père" |
|
|
|
|
|
Tableau (ci-dessus) : diphtongaison de
/ò/ devant /k/. Elle a affecté l'occitan comme le français
(mais elle a évolué en français).
Pour l'occitan, il existe les variantes non diphtonguées (còc,
fòc, jòc, lòc, nòis) situées en général en Gascogne et
Languedoc occidental.
(1) cuoc n'est pas donné dans DOM mais il est donné dans GAP:74.
(2) Pour sŏcrăm, sŏcrŭm, je
pense qu'il y a eu diphtongaison spontanée pour certaines variantes (suegra, suegre), comme pour
l'espagnol suegra, suegro. Le
TDF
indique suegra, suegre en pr.ma.. L'italien suocera, suocero proviennent des
variantes non-syncopées latines sŏcĕrăm,
sŏcĕrŭm.
- En français, par disparition
complète de la consonne intervocalique (voir "Clivage oc / oïl" : évolution
de
c (k)), une triphtongue
de
fŏcŭ(m) (IPHAF:56, 125)
>
(
> (vers l'an 400 : sonorisation)
/fʋògʋ/
> (Ve siècle : spirantisation
en
Gaule du nord) /fʋò
> (Ve siècle :
amuïssement de
> (différenciation
ʋò > ʋé ; elle a pu se faire avant) /fʋéʋ̯/
(à partir d'ici, je fais une synthèse de IPHAF et PHF-p:190 ; ce dernier donne un retour à ò : /fʋéʋ̯/ > /fʋòʋ̯/ > /fʋëʋ̯/, que j'ai supprimé)
> (labialisation de l'élément
médian de triphtongue) /fʋëʋ̯/
(1)
> (transfert de l'accent sur
l'élément médian de triphtongue) /fʋëʋ̯/
> (différenciation
ʋë > ië) /fiëʋ̯/
(cette étape n'existe pas selon IPHAF)
> (amuïssement du premier élément
de triphtongue derrière
> (amuïssement de ʋ̯) > /fë/
- En occitan, le k > g mais ne disparaît pas, empêchant la triphtongaison de se réaliser. Le u > ó final disparaît, g devient final et se renforce en -k- ("retour" vers k), qui est encore prononcé dans certaines régions ; la diphtongue initiale demeure, mais elle peut se différencier précocément, donnant fuec, (type fuego). Voir aussi ci-dessus schéma d'évolution du ŏ tonique libre.
fŏcŭ(m) (propositions personnelles) | |
>
*/fòkʋ/ |
→ *fogu > fòc des P.O. au T.e.G. (type catalan) |
>
(début IVe siècle : |
|
> (vers l'an 400 : sonorisation k > g) */fʋògʋ/ | |
> (fin Ve siècle : ŭ final > ó) */fʋògó/ | |
(voie 1 : type fuoco) | |
> (VIIe, VIIIe siècles : apocopes) */fʋòg/ | |
> (durcissement -g > -c) */fʋòk/ | |
> (VIIIe s. : antériorisation du ʋ) */fuòk/ | |
> (vers 1200 : bascule des diphtongues) */fu̯òk/ fuòc | → /füòc/ à Conques (Aveyron), /füò/ en Trièves, Vercors (GIPPM-1:169, ALF carte0558). |
(> (différenciation uò > iò) > */fi̯òk/) | → fiòc, type général en pr.rh. et l. |
(voie 2 : type fuego) | |
> (différenciation précoce ʋò > ʋé) */fʋégó/ | |
> (VIIe, VIIIe siècles : apocopes) */fʋég/ | |
> (durcissement -g > -c) */fʋék/ | → fué
/fwa/ (type franco-provençal, voir ALF carte0558)
(1) |
> (VIIIe s. : antériorisation du ʋ) */fuék/ | |
> (vers 1200 : bascule des diphtongues) */fu̯ék/ fuec | → /füœk/, /füé/, /füœ/... : type général en pr.ma., v-a , niç. |
La voyelle /è/ ne semble jamais diphtonguer en occitan, au contraire du
français.
latin
LPC
|
|
occitan
|
|
français
|
ĕw + voyelle |
> |
èv -èu en finale |
|
/i̯èv/ -/i̯èf/ en finale |
|
|
|
|
|
brĕvĕ(m) |
|
brèu |
|
a.fr. brief
"bref" |
lĕvĕ(m) |
|
lèu |
|
- |
lĕvat |
lèva |
a.fr. (il)
liève "(il) lève" |
||
*relĕvum |
|
relèu |
|
relief |
|
|
|
|
|
Tableau (ci-dessus) : diphtongaison spontanée de è devant /w/, absente en occitan, présente en français.
La voyelle /ò/ diphtongue souvent en occitan, et toujours en français.
Ci-dessous, en occitan, nŏvĕm
et nŏvŭm diphtonguent parfois
(mais pas en provençal) ; pour jŏvĕnem
le cas est plus complexe car plusieurs formes latines initiales sont à
envisager (voir ci-dessous).
latin
LPC
|
|
occitan
|
|
français
|
|
|
|
|
|
ŏw + voyelle |
> |
/u̯ò |
> |
/œ/ -/œf/ en finale |
|
|
|
|
|
bŏvĕ(m) |
|
buòu |
|
bœuf |
jŭvĕne(m) > jŏvĕne(m) (1) |
|
(d) juene (2) |
|
jeune |
mŏvet |
|
AO muou, mueu (3) |
|
meut |
ōvŭ(m) > ŏvŭ(m) (1) |
|
uòu |
|
œuf |
nŏvĕ(m) |
|
(nòu), dialectes : nuòu, niòu... (4) |
|
neuf |
nŏvŭ(m) |
|
(nòu), dialectes : nuòu, niòu... (4) |
|
neuf |
plŏvĕrĕ, plŏvĭt (1) (5) |
|
AO
pluoure, pluou |
|
pleuvoir, il pleut |
|
|
|
|
|
- français
Pour la forme latine, voir jŭvene > jŏvene est lié à w > β.
(IPHAF:112, 190 donne seulement quelques étapes ci-dessous avec la diphtongaison spontanée de ò ; je discute des autres étapes, en utilisant notamment l'évolution de ŏ en français, voir cŏr > cœur)
jŭvĕnĕm
/ |
|
> (Ier siècle : y
> dj, w
> β, ŭw
> ŏβ, ŏ
> ò) jŏvĕnĕ(m)
*/djò |
|
> (IIIe siècle : β > v) */djòvéné/ | |
>
(début IVe siècle : |
→ a.fr. juvene ( (graphie ou prononciation conservatrice ?) |
> (fin Ve
s. : |
|
> (durcissement
de
v en position
préconsonantique) */djʋòf |
|
> (quand ?
différenciation
ʋò > ʋé) */djʋéfn |
|
> (ʋ
labialise è en |
|
> (vers le
VIIIe siècle, PHF-f2:368 : antériorisation
de
ʋ) */djuœf |
→ a.fr. juefne
( |
> (amuïssement
du
f ?) */djuœ |
|
> (nasalisation
devant
n à partir du XIe siècle) */djuœ̃ |
|
> (bascule
des diphtongues, et désaffrication dj > j, vers 1200)
*/juœ̃n |
|
> (amuïssement
de
ü) */jœ̃n |
|
> (dénasalisation
à
partir de fin XVIe s.) /jœn |
|
> (amuïssement de la finale) /jœn/ | → jeune |
- occitan : l'AO ne connaît que deux formes :
j
Pour oc joine,
je vois deux scénarios possibles. La forme latine sans v
: jŭĕnĕ, attestée dans les
inscriptions, pourrait mener à joine
de façon simple, mais on explique alors moins facilement la conservation
du
jŭvĕnĕm /
Pour oc joine (voie par syncope)
scénario 1
> (Ier siècle : y
> dj, w
> β) */dj
> (IIIe, IVe siècles : β > v, ʋ > ó, syncope) */djóvné/
> (VIIe, VIIIe siècles : le -e échappe aux apocopes) */djóvné/
> (quand ? vocalisation
de v devant consonne)
*/djó
> (quand ? óu̯
> ói) */djó
scénario 2
(moins probable)
>
(amuïssement
de
v au contact de ŭ)
jŭĕne
> (ʋ
> ó) /djóéne/
> (différenciation d'aperture) joine
> (résistance à l'apocope : difficile à expliquer) → joine
Pour oc jove (voie par apocope de type occitan)
> (Ier siècle : y
> dj, w
> β) */dj
> (IIIe, IVe siècles : β > v, ʋ > ó, résistance à la syncope) */djóvéné/
> (VIIe, VIIIe
siècles : apocope)
*/djóv
> (XIe siècle : apocope
de
type occitan, suite) → AO j
Pour les formes (d) jueine, juene, savoyardes joeno /dzwéno/, /dzüéno/, /djwano/... témoignent peut-être d'une diphtongaison spontanée (scénarios ci-dessous à revoir) :
> (influence
de
w > β) jŏvĕnĕm
> (
>
(quand ? différenciation
type
fuego) */djʋévéné/
>
(syncope) */djʋévné/
voie
3a (région savoyarde : le /ʋ/ est conservé)
>
(bascule
des
diphtongues) */djʋévné/
> (amuïssement de v après apocopes) → (savoyard) /dzwéno/, /djwano/
voie 3b
> (antériorisation
de
/ʋ/) */djuévné/
> (amuïssement de v
après apocopes) */djuéné/
> (bascule des diphtongues) /djuéné/ → (d) juene
Muta cum liquida signifie
Dans le domaine d'oïl, tout se
passe comme si les muta cum liquida
ne faisaient pas
Pĕtrŭm > Pierre
Fĕbrĕm > *fèvre > fièvre (1)
lĕpŏrĕm > *lĕprĕm > lièvre
Et aussi pour la diphtongaison française :
labrăm
> *lavra > */l
(1) vr n'est pas à proprement parler une muta cum liquida, mais pour le français, je l'inclus dans ce groupe (voir Groupes consonantiques : vr).
Par contre, tabulam > table, trifulon > *tréfle
> trèfle (et non
Dans le domaine d'oc,
l'évolution est complètement différente. L'occitan conserve la
syllabation du latin : Pĕtrŭm
*/pet-r
Cette évolution occitane
En occitan, les muta
(occlusives) devant liquida
évoluent souvent en yod (
Cette étude permet de dater la fin de la diphtongaison conditionnée,
voir datation
de cette diphtongaison ci-dessous.
- Devant pr,
tr, kr (
Il n'y a pas eu diphtongaison en occitan, ni spontanée, ni conditionnée. Les occlusives se sont transformées en yod probablement trop tard, quand la période de diphtongaison conditionnée était terminée.
occitan : pĕtră(m) > */pèδ-ra/ >
*/pèy-ra/ > pèira
français : pĕtră(m) > (
occitan : rĕtrō
> */rèt-ro/ > */rèδ-ro/
> /rèy-ré/ rèire
français : ad + rĕtrō > */ar-rè-tro/
> (
- Devant br,
dr, gr
Dans les cas où d, g >
fĕbrĕm "fièvre" : c'est une des exceptions à l'évolution b > y (SSÉPO:8), donc il n'y a pas de diphtongaison conditionnée par y.
- occitan : fĕbrĕm > fèbre
(pr)
- français : fĕbrĕm >
(dipht.spont.)
fièbre > fièvre. La variante
fièbre (l, d)
est considérée comme un
- français :
căthĕdrăm /katédra/
> /katédra/ > (mut.) /katèdra/
> (dipht.spont.)
/kati̯èdra/ > /ka
- occitan :
căthĕdrăm /katédra/ > /katédra/ > (mut.) /katèdra/ > /kadèδra/ > /kadèyra/ > (dipht.cond.) /kadi̯èyra/ > cadiera "chaise"
(voir ièi > ié)
- français : ĭntĕgrŭm /intégrʋ/ > */intégrʋ/ > (mut.) */éntègrʋ/ > (dipht.spont.) */éntiègrʋ/ > */éntièyrʋ/ > entir > (analogie avec "premier"...) entier (voir IPHAF:115)
- occitan : ĭntĕgrŭm /intégrʋ/ > */intégrʋ/ > (mut.) */éntègrʋ/ > */éntèyrʋ/ > (dipht.cond.) */éntièyrʋ/ > AO entieir > (ièi > ié) entier
Par ailleurs il faut étudier s'il n'y a pas diphtongaison conditionnée
dans certaines régions où il y a vocalisation
de b
(-br- > -ur-). Voir
l'exemple de dèure
avec ses variantes dièure, duòure...
Dans la majorité des cas, ce sont des groupes
pl : ?
tl : vetulu > vetlu > veclu
kl : oculu > oclu (macula > macla, soliculu > soliclu...),
aussi l'évolution demi-savante : saeculum
> sègle, sècle.
bl : ebulum > eblu > èble, èbol (l,
g), èule (voir évolution
de
bl)
dl :
gl :
cl se palatalise rapidement, avant la diphtongaison conditionnée.
Elle affecte toute la Gaule ainsi que le domaine catalan. Il s'agit de
la diphtongaison conditionnée, sous-entendu par la présence d'une
consonne
Les palatales concernées sont :
Au moment des diphtongaisons conditionnées :
- certains ò
- certains è
La palatalisation de certaines consonnes dans certaines conditions
entraîne alors la diphtongaison de è
et de ò
- /è/ > /iè̯/ (inchangé en occitan, mais > /i/ ou /œ/ en français)
- /ò/ > /ʋò̯/ (puis > /u̯ò/, /u̯é/ en occitan avec de nombreuses variantes possibles, /œ/ en français)
Les deux diphtongues i̯è et ʋ̯ò ont beaucoup évolué dans la moitié nord de la Gaule pour donner le français actuel (voir tableaux ci-après).
François de La Chaussée indique que la diphtongaison conditionnée qui
apparaît dans lĕctum, nŏctem
est "nécessairement postérieure à l'évolution kt
> yt, évolution qui semble dater de la fin du IIIe
(peut-être du début du IVe ?)" (IPHAFp. 37) ; par ailleurs "comme l'occitan la
connaît aussi, elle ne peut guère être plus tardive que la fin du IVe
siècle ou le début du siècle suivant" (IPHAF p.187) (Je comprends mal ce dernier
argument).
Grâce à l'étude des occlusives + r ci-dessus, je pense qu'on peut préciser la fin de la diphtongaison conditionnée. Les mots latins avec -tr- intervocaliques ont évolué en -yr- mais n'ont pas subi de diphtongaison conditionnée : pĕtrăm, rĕtrō > pèira, rèire. Donc cette diphtongaison s'est terminée avant la yodisation de -t-. Par contre, elle affecte encore căthĕdrăm, ĭntĕgrŭm (> cadièira, entièir). Par conséquent, la diphtongaison conditionnée se réalisait :
- après (ou pendant) l'évolution -kt- > -yt- (fin IIIe, début IVe siècle) ;
- après (ou pendant) l'évolution -dr-, -gr- > -yr- ;
- mais elle ne se réalisait plus au moment de l'évolution -tr- > -yr-.
Ces constatations permettent du même coup de penser que -tr-
a évolué plus tard que -dr-, -gr-,
ce qui semble logique (-tr- a
d'abord dû se sonoriser en -dr-).
Selon NAPG:491, l'évolution de -tr-
et -dr- en -yr-
est attestée entre 560 et 675 environ. La fin de la diphtongaison
conditionnée est probablement antérieure à ces dates.
J'ai beaucoup de peine à faire une
synthèse claire de cet aspect.
Aucun auteur ne présente une synthèse complète de la diphtongaison romane en occitan ; et même pour le français, beaucoup de points sont laissés dans l'ombre.
Quelles sont les "conditions" de la
diphtongaison "conditionnée" ?
Chez les auteurs, il est bien difficile d'y voir une unité :
- Jules Ronjat (GIPPM-1:119, 167, voir citations ci-dessus)
considère un conditionnement par /k/, /w/, /
- Ivayo Burov (CLGR:12), considère également un conditionnement
par /k/, /w/, /y/, /
- Pierre Bec (LO:24) considère un conditionnement par /y/ et
/w/.
- François de La Chaussée, pour le français,
(IPHAF:37 à 39) considère un conditionnement par
les
• D'abord visiblement, les diphtongaisons conditionnées par /k/ et /w/
citées par les deux premiers auteurs ci-dessus renvoient à la diphtongaison
devant /k/ et /w/ traitée ci-dessus. C'est le cas aussi pour /w/
cité par Pierre Bec.
• Ensuite, devant /
• Devant /
• Pour les cas devant r et s palatalisés, il y a diphtongaison, en occitan comme en français : voir ci-dessous mestier, mestieir "métier", cerisieisa "cerise < *cerieise".
Le problème essentiel est le
conditionnement par yod (
- le yod obtenu dans l'évolution de nŏctem > *nòyté (> nuech) ;
- le i diphtongal de transition
obtenu dans l'évolution de *mĭ(nĭ)stĕrĭum
> *méstèi
F. de La Chaussée (IPHAF) signale clairement la différence entre le
premier (un yod), et le second (un i
diphtongal de transition). Ce i
diphtongal ne pourrait pas engendrer de diphtongaison. La diphtongaison
aurait donc été provoquée par des phonèmes palataux aujourd'hui disparus
:
François de La Chaussée fait ainsi ce raisonnement, mais en ce qui
concerne la diphtongaison conditionnée, je pense qu'il est bien
difficile de dire si dans *cĕrĕsĭăm,
*mĭ(nĭ)stĕrĭŭm (> cerieisa,
mestieir), la voyelle ĕ
se diphtongue en raison de "i
diphtongal" ou bien de
Pour le français, F. de La Chaussée indique (IPHAF:114, j.m.c.g.) : "le
Ainsi, il faudrait distinguer les diphtongaisons conditionnées : par
Tout ce raisonnement entre en opposition avec celui utilisé par Patrick
Sauzet dans AVO,
qui propose une diphtongaison conditionnée par exemple dans primèira
> primièira (pour l'évolution de prīmārĭŭm
> primier). L'alternative est donc de ne distinguer que
trois types de diphtongaison conditionnée : celle par /
Il existe le yod
Il ne faut pas confondre yod et i diphtongal de transition, qui en principe, ne provoque pas la diphtongaison conditionnée.
La nature du yod
latin
LPC
|
|
occitan
|
|
français
|
-ĕj- + voyelle | > |
|
|
|
-ĕdĭ + voyelle | > |
/èyy/ > /i̯èy/ |
> |
-i- |
-ĕgĭ + voyelle | > |
|
|
|
pĕjŏr /péyyór/ |
|
pièger |
|
pire |
mĕdĭu(m) /méyyʋ/ |
|
mieg |
|
mi- |
|
|
|
|
|
-ŏj- + voyelle | > |
|
|
|
-ŏdĭ- + voyelle | > |
/òyy/ > /u̯èy/ |
> |
-ui- |
-ŏgĭ- + voyelle | > |
|
|
|
*plŏvĭăm > *plŏjă(m) (1) |
|
plueia
/ plueja |
|
pluie |
trŏjă(m) |
|
trueia
/ trueja |
|
truie |
hŏdĭē |
|
uei |
|
hui |
ĭnŏdiăt |
|
enueia
/ enueja |
|
(il)
ennuie |
mŏdĭŭ(m) |
mueg |
muid |
||
pŏdĭu(m) /póyyʋ/ |
|
pueg > pieg |
|
"puy" |
Tableau (ci-dessus) : diphtongaison conditionnée par /y/ primaire ou issu de dĭ, gĭ + voyelle.
(1) Pour *plŏvĭă > *plŏjă,
voir *plŏvĭă (v
+ ĭ, ĕ en hiatus).
Ce yod provient de l'évolution
de
kt > yt.
latin LPC
|
|
occitan
|
|
français
|
-ĕk- + consonne | > |
èy > i̯èy |
> |
-i- |
dĕspĕctŭ(m) |
|
despièit / despiech |
|
dépit |
lĕctŭ(m) | lièit / liech | lit |
||
pĕctĭnĕ(m) |
|
penche, pienche...(1) |
|
pigne (a.fr.) "peigne" |
pĕctŭ(m) |
|
pieit (AO) / piech (AO) |
|
pis |
sĕx /séks/ |
|
sièis |
|
six |
vĕctĭ(m) |
|
viech |
|
vit
("pénis") |
|
|
|
|
|
-ŏk- + consonne | > |
òy > u̯ey |
> |
-ui- |
cŏctŭ(m) |
|
cuèit / cuech |
|
cuit |
cŏxă(m) |
|
cuèissa |
|
cuisse |
nŏctĕ(m) |
|
nuèit / nuech |
|
nuit |
ŏctō |
|
uèit / uech |
|
huit |
*tŏxŭ(m) (< τόξον) |
|
tuèis |
|
(if) |
|
vuèit / vuech... |
|
vuit > vide |
Tableau (ci-dessus) : diphtongaison conditionnée par /y/ issu de k + consonne.
Certains yod sont apparus à partir de g ou d devant r, visiblement alors que la diphtongaison conditionnée pouvait encore se réaliser.
C'est le cas pour căthĕdră(m)
>
cadiera et ĭntĕgrŭ(m)
>
entier (voir ci-dessus căthĕdrăm,
ĭntĕgrŭm).
Dans ces cas, on obtient la triphtongue iei devant r, dont le deuxième i disparaît facilement, voir évolution de ieir.
Le cas nĭgră(m)
> niera constitue un cas très particulier, avec changement
de l'ouverture é > è (comme
pour fērĭăm > fiera) :
nĭgră(m) > (mut.) /négra/
> /né
latin
LPC
|
|
occitan
|
|
français
|
-ĕgr- -ĕdr- |
> |
/èyr/ > /i̯èi̯/ > /i̯èr/ |
|
(diphtongaison
spontanée) |
căthĕdră(m) |
|
cadièira > cadiera... |
|
(chaire
>
chaise) |
hĕdĕră(m) > *hĕdră(m) | ièira > iera... (1) |
(lierre) |
||
ĭntĕgră(m) |
|
entièira
>
entiera |
|
(entière) |
nĭgră(m) | nieira
>
niera |
("puce") |
||
Tableau (ci-dessus) : diphtongaison conditionnée par /y/ issu de k + consonne.
Le "l mouillé" /
Il est aussi issu de la palatalisation
de
-cl-, -gl-
et -tl-.
La
latin LPC
|
|
occitan |
|
français |
ĕlĭ / ĕ + voyelle |
> |
/i̯è |
> |
/yë/ |
|
|
|
|
|
mĕlĭŭs |
|
mièlhs |
|
mieux |
vĕtŭlŭ(m) > *vĕtlŭ |
|
vièlh |
|
vieux |
|
|
|
|
|
ŏlĭ / ĕ + voyelle |
> |
/u̯e |
> |
/œ/ |
|
|
|
|
|
fŏlĭă(m) |
|
fuelha |
|
feuille |
Mandŏlĭŭm (1) |
|
Manduèlh (30) (1) |
|
(Manduel,
30) |
ŏcŭlŭ(m) > *ŏclŭ |
|
uelh |
|
œil |
Tableau (ci-dessus) : diphtongaison
conditionnée par /
(1) Attestations : Mandolio, année 943 ; Mandolium, année 1180 (TGF1:227).
Le n
palatalisé /
-
n
+ ĭ, ĕ en hiatus (ĭngĕnĭŭm) ;
- nt + ĭ, ĕ en hiatus (*antĭŭs) ;
- nd + ĭ, ĕ en hiatus (Compĕndĭŭm) ;
- nct
(sanctus) ;
- palatalisation
de
n vélaire /
- nge,
ngi (longē >
"loin") ;
- nce,
nci (vĭncĕrĕ) ;
- gn (lĭgnăm) ;
Pour tous les cas ci-dessus, quelques mots latins seulement sont susceptibles de suivre la diphtongaison conditionnée devant /ñ/ car ils contiennent ĕ ou ŏ.
Pour le français selon Jean-Marie Pierret, devant /ñ/, le français a une diphtongaison conditionnée seulement pour ĕ (PHF-p:195). Mais lŏngē > a.fr. luinz, luign "loin" semble pourtant indiquer une diphtongaison conditionnée (à étudier) ; pour so(m)nium > a.fr. soign, soing "soin", il semble qu'il y ait seulement l'apparition du i diphtongal.
lŏngē "loin, en long ; longuement" | |
lŏngē
/lo |
|
> (IIe siècle
: palatalisation
de
-ng- devant e)
*/loññé/ |
|
> /lʋò̯ñ/ > luenh |
|
(1) la quantité du o
dans longē semble
variable, puisque les variantes AO l |
Pour l'occitan la diphtongaison conditionnée me semble plus évidente pour /ò/ et marginale pour /è/ (voir tableau ci-dessous).
ĭngĕnĭŭm
"invention..."
ĭngĕnĭŭm /ingéniʋ/
|
|
> (IIe siècle : résistance de nge à la palatalisation de n, mais palatalisation de g devant e, et palatalisation de n devant i) */éndjèñʋ/ | |
> (vers le IVe siècle : diphtongaison conditionnée par ñ) */éndjiè̯ñʋ/ | |
> (fin du Ve
siècle : /ʋ/
final
> /ó/) */éndiè̯ñó/
|
suite pour
le français (d'après |
|
> (VIIe, VIIIe s. apocope, apparition du i diphtongal devant /ñ/ devenu implosif) */éndji̯èiñ/ | |
> (monophtongaison iei > i) */éndjiñ/ | |
> (XIe siècle
: nasalisation
et
ẽ > ɑ̃n) */ɑ̃ndjĩn/ |
|
> (vers 1200 : désaffrication de dj) */ɑ̃jĩ/ | |
> (XVIe
siècle : /ĩ/
>
/è̃/)̃
/ɑ̃jè̃/ |
→ "engin" |
suite pour l'occitan : | |
> (VIIe, VIIIe s. apocope, pas de i diphtongal devant /ñ/) */éndjiè̯ñ/ | |
> (quand ? : fermeture de è devant ñ, d'un degré) */éndjié̯ñ/ | |
> (XIe siècle : nasalisations) /é̃ndjié̃ñ/ | |
> (amuïssement -nh, bascule des diphtongues...) /é̃dj̯ié̃/ | → pr.ma. engienh |
> (réduction -ier > -er derrière palatale) /é̃djé̃/ | → engenh |
Compĕndĭŭm
/
-dĭă "Compiègne"
Pour "Compiègne" (60) il existe notamment une attestation latine Compendium (année 590), et une attestation Compienha en AO (Fier). Il est possible que cette attestation AO soit "vraiment d'origine occitane" (rôle politique important depuis les Mérovingiens) ; elle indique un genre féminin, ce qui est conforme à une explication globale satisfaisante :
Si l'étymon était Compĕndĭŭm | |
En français : |
|
Compĕndĭŭm
*/kómpéndiʋ/ |
|
> (ndi > ññ) */kómpéññʋ/ | |
> (vers le
IVe siècle : diphtongaison
conditionnée par ñ)
*/kómpiè̯ññʋ/ |
|
(fin du Ve siècle : /ʋ/ final > /ó/) */kómpiè̯ññó/ | |
> (VIIe,
VIIIe s. apocope,
apparition
du
i diphtongal devant
/ñ/ devenu implosif) */kómpiè̯iñ/
(1) |
|
> (nasalisations, monophtongaison iei > i) */kõmpiñ/ | → |
(1) Un doute subsiste quant à l'élimination complète de toute voyelle
finale ; un -e de soutien a
peut-être existé très anciennement en raison de la gémination ññ, mais
quand même .
Avec un étymon Compĕndĭăm | |
- En français : |
|
Compĕndĭăm
*/kómpéndia/ |
|
> (ndi > ññ) */kómpéñña/ | |
> (vers le
IVe siècle : diphtongaison
conditionnée par ñ)
*/kómpiè̯ñña/ |
|
(fin du Ve siècle
: -a
>
-e) */kómpiè̯ññ |
|
> (VIIe
siècle : dégémination)
*/kómpiè̯ñ |
|
> (nasalisations)
*/kõpiè̯ñ |
|
> (vers 1200 : bascule
des
diphtongues) */kõpi̯éñ |
→ Compiègne |
latin
LPC
|
|
latin
LPT1
|
|
occitan
|
|
français
|
ĕ |
|
èñ |
|
enh (rarement ienh) |
|
ien |
(Compĕndĭŭm), *Compĕndĭă(m) |
|
|
|
Compienha (Fier) |
|
Compiègne (60) (1) |
ĭngĕnĭŭ(m) |
|
|
|
engienh / engenh |
|
*engieign > engin |
tĕnĕō |
|
|
|
AO tenh (2) |
|
(je) tiens |
vĕnĭō |
|
|
|
AO venh (2) |
|
(je)
viens |
|
|
|
|
|
|
|
ŏ |
|
òñ |
|
uenh |
|
oin |
lŏngē |
|
|
|
luenh (AO luenh, lonh, loing...) |
|
loin |
sŏ(m)nĭŭm |
|
|
|
suenh (AO suenh, sonh, soing) |
|
soin |
|
|
|
|
|
|
|
Tableau (ci-dessus) : diphtongaison
conditionnée par /ñ/.
(1) Pour Compĕndĭŭm >
"Compiègne", voir nd > nh ; Compiègne
provient bien d'un féminin Compĕndĭă
(ou d'un pluriel) car sinon, on aurait obtenu
(2) Pour tĕnĕō > "(je) tiens", la variante lat.pop. tengō a donné AO tenc, et l'AO tene / teni proviennent d'analogies ; tenh, tenc, tene sont les trois variantes principales de l'AO ; on les trouve dans HLPA:67 et AP:29. Même chose pour vĕnĭō (AO venh, venc).
Le s palatalisé provient de s + ĭ, ĕ en hiatus. Comme dit
ci-dessus,
il est difficile de savoir si cette diphtongaison est provoquée par
La diphtongaison conditionnée devant s palatalisé est prouvée par les
mots cerièisa "cerise" ; eiglièija lim
"église"...
latin
LPC
|
|
latin
LPT1
|
|
occitan
|
|
français
|
ĕsĭ + voyelle |
> |
èi |
> |
ièis |
> |
(iei > i) i |
cĕrĕsĭŭ(m) > *cĕrĕsĭă(m) |
|
|
|
cerièisa |
|
cerise |
ecclēsĭă(m) > ecclĕsĭă(m) |
|
|
|
glièisa, glèisa |
|
église |
ŏsĭ + voyelle |
> |
òi |
> |
uèis |
> |
ui |
*pŏssĭō (1) |
*/pòi̯ |
AO
pues... (1) (d, a) poei, pois |
(je) puis |
|||
*pŏstĭŭs (2) |
*/pòi̯ |
pueis |
puis |
|||
Tableau (ci-dessus) : diphtongaison conditionnée par s palatalisé.
Le r palatalisé (
L'existence de ce type de diphtongaison est prouvée par les mots AO
mostier / monestier (voir a.fr. moustier
"monastère") ; mestier
"métier" ; tiera "tire", etc.
Dans les cas avec ĕ,
on obtient la triphtongue iei devant r, dont le deuxième i
disparaît facilement, voir évolution
de ieir.
L'évolution régulière aurait donné -air, -aira.
En français, derriere [
Pour fērĭă(m) > fiera, il y a sans doute une ouverture précoce é > è (comme pour nĭgrăm > niera) :
fērĭăm
> */férya/ > */fé
Pour fŏrĭăm
"diarrhée" > AO f
latin
LPC
|
|
latin
LPT1
|
|
occitan
|
|
français
|
ĕrĭ + voyelle |
|
/èi̯ |
|
ieir > ier |
|
-ire, -ier (-ieir-) |
|
|
|
|
|
|
|
mĭnĭstĕrĭŭm
x mystērĭŭm
> *mĭstĕrĭŭm |
|
*/méstèi̯ |
|
*mestieir > mestier |
|
métier |
*mŏnĭstĕrĭŭ(m) |
|
*/mónistèi̯ |
|
monestier, mostier... |
|
moutier,
monstier,
montier (a.fr.dial.) (monastère) |
*quærĕō |
|
*/ |
|
AO
qu |
|
(je) quiers (je cherche) |
*tĕrĭă(m) |
|
*/tèi̯ |
|
tieira > tiera |
|
tire
(a.fr. tiere) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ŏrĭ + voyelle |
|
/òi̯ |
|
uoir > uei > ue |
|
ui |
|
|
|
|
|
|
|
cŏrĭŭ(m) |
|
*/kòi̯ |
|
*cueir > cuer |
|
cuir |
|
|
|
|
|
|
|
Tableau (ci-dessus) : diphtongaison conditionnée par r palatalisé.
Le t palatalisé (
Dans aucun cas je n'ai trouvé de diphtongaison conditionnée devant t palatalisé en occitan. Par contre
en français, elle existe.
Pour le t simple :
Pour le français, pour les quelques mots concernés que je connais, prĕtĭŭm
"prix", prĕtĭăt "(il) prise",
Dĕcĕtĭăm "Décize" (
En occitan : dans prètz, presa, Ūcĕtĭăs "Uzès",
aucune diphtongaison n'a eu lieu (ni spontanée, ni conditionnée). Voir
l'étude de la voyelle (pretz, prètz)
: fermeture
de
è dans pretz.
Pour le t géminé :
Le t
Les palatalisations
régressives expliquent de façon satisfaisante /iè/ et /uè/ des
mots ci-dessous.
- CNRTL
"nièce" : "La diphtongaison de ĕ peut s'expliquer par sa position
devant un groupe consonantique avec palatalisation de tty:
neptia > *neptsya > *nettsya
> niece" ; mais autre solution : IPHAF:39 : analogie
avec
- "noces", a.fr. nueces : nŭptĭăs > *nŏptĭăs > a.fr. nueces (PHF-p:195).
- "pièce"
: IPHAF (p. 39) propose un éventuel croisement
entre
- a.fr.
biès
"bouleau" <
Les mots nèça, nòça, pèça, bèç ne
sont pas diphtongués en occitan.
Ainsi il s'agirait d'une diphtongaison conditionnée par