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Évolution des diphtongues au, æ, œ, ευ... (diphtongues latines et grecques : monophtongaison, conservation, etc.)
28-02-2025



Origine des diphtongues latines et grecques
 


Les diphtongues latines et grecques proviennent des diphtongues indo-européennes (lien Wikipédia).




I. Indo-européen → latin → occitan (étude des diphtongues)




A. au est conservée jusqu'en occitan



1. Schéma général de l'évolution de au
  

Occitan :   lat au > oc au /aʋ̯/   (/aw/ 1)

(la diphtongue est bien conservée ; selon les régions > /òw/, > /ów/ en position atone)


Voir ALF carte 282 "sont deux choses" ; dans causa/chausa, la monophtongaison en [óː] n'affecte que le nord de 24, la totalité de 87, de 23, de 63, de petites marges nord de 18, 43 (?), 15, 07, 26, 05, et les vallées occitanes italiennes (Oulx, BobiMaïsette).


Français : lat au > fr /ò/   (fin du Ve siècle) (IPHAF:117)

(puis > ò, ó ou ʋ selon le contexte consonantique, voir ci-dessous).


(1) La notion de "vraie diphtongue" est discutée à la partie "transcription phonétique" : éléments non accentués de diphtongues.

Donc l'occitan conserve la diphtongue latine au, contrairement au français, par exemple : lat causă(m) > oc causa /kaʋ̯zo/, fr "chose" (GIPPM-1:203). Pour le français, la monophtongaison au > /ò/ se réalise en position tonique comme atone, et en syllabe ouverte comme fermée (PH-2020:212 §71).



Exemples d'évolution de mots latins avec au


latin

occitan

français
au /aʋ̯/
diphtongue latine
>
/aʋ̯/
>
/ò/ (/ó/)
(fin Ve s.)






*ăvicăm > aucă(m)
auca

a.fr. oe "oie"
aucĕllŭ(m)

aucèu / ausèl

oiseau
audī

ausir /aʋ̯zi/

ouïr
aură(m)
aura
a.fr. ore, oure "vent"
aurĕ(m)
AO aur
or (métal)
ausăt
ausa, auja
(il) ose
caudăm > cōdă(m)
AO ca, OA [kò], [kwa], [kwé]... (1)
queue (1)
caumă(m)
AO cauma "grande chaleur"
dér. chômer
causă(m)
causa
chose
cautŭ(m)
AO caut "prudent"

clausŭ(m)

claus

clos
craucă(m)

crauca
"terrain caillouteux"


Gaudĭācŭm

Gaujac (nb.top.), Jaujac (07) (2)
Jouy, Joué, Gouy (nb.top.) (2)
gaudĭŭ(m)

gaug

a.fr. joi "joie"
*gaută(m)

gauta

joue
laudăt
lausa
(il) loue (glorifie)
laudĕ(m)
laus
los, louange
*lausă(m)
lausa
"lause"
paucŭ(m)
pauc
a.fr. po, pou "peu"
paupĕrĕ(m)
paure
pauvre
pausăt
pausa
(il) pose
*paută(m)
pauta "patte"
a.fr. poe, pote "patte"
(voir "empoté")
*raubăm
rauba
robe
raucŭ(m)
rauc
rauque
taurŭ(m)
taur
(taureau)
*traucŭ(m)
trauc
trou






Tableau. Conservation de la diphtongue /aʋ̯/ d'origine latine en occitan et non en français.


(1) Pour caudăm, voir ci-dessus la tendance très ancienne à la monophtongaison.

(2) Pour Gaudĭācŭm, voir Gaudĭācŭm à d, g + ĭ, ĕ.


Fermeture de /ò/ en français standard

En français régional méridional, /aʋ̯/ > /ò/, voir la prononciation méridionale de "chose", "pause", "pauvre" : òzə/, /pòzə/, /pòvrə/. Alors qu'en français standard actuel : /ʃóːz/, /póːz/, /póːvr/ (loi de position ?).

LPEPH:214 :

"On admet qu'initialement celle-ci [la diphtongue romane aʋ̯] devient [ò] partout en francien. On trouvera donc aussi des [ò] accentués en syllabe ouverte en ancien français primitif, par exemple lat. clavu > *clau > clo [klò] et lat. laudat > *lauðéθ > loe [lòə]. Ces [ò] en syllabe ouverte, cependant, deviendront très vite [ó] (au 11e siècle selon Fouché, PHF-f2:296), et subiront la même évolution que les autres [ó] devant consonne, c'est-à-dire deviendront [u], d'où les formes modernes clou et (il) loue de ces deux exemples."


À mieux étudier : "robe" est prononcé /ròb/ en français standard.




2. Détails de l'évolution de au

Français :

(IPHAF:117)    aʋ̯ > *ɑʋ̯ > *òʋ̯ > *òó̯ > ò

(toutes ces étapes se seraient réalisées à la fin du Ve siècle)

Un autre scénario légèrement différent a été proposé :

(DGRPP:162-171 in LGVW:54)   aʋ̯ > *ɑʋ̯ > *ɑó > ò


Remarque : pour l'aboutissement actuel /ó/, par exemple dans "chose" /ʃóːz/ ; voir ci-dessus.


Datation relativement aux quatrièmes palatalisations :


Les mots latins causăm, caumăm, gaudĭŭm, gautăm ont donné fr "chose", "chômer", "joie", "joue" (et non cose, cômer, goie, goue, à part dans certains dialectes). Les quatrièmes palatalisations ont affecté ces mots, donc elles sont antérieures à la monophtongaison aʋ̯ > ó. Ainsi la variante nord-occitane actuelle lima chausa représente un stade par lequel est passé le gallo-roman du domaine d'oïl.

Voici le scénario pour causă "chose" :



causă(m)      /kaʋ̯sa/
> (vers l'an 400 : sonorisations) /kaʋ̯za/ s-oc causa
> (1e moitié du Ve s. : 4es palatalisations) /tʃaʋ̯za/ lima chausa
> (fin Ve siècle : monophtongaison au > ó) /tʃòːza/
> (VIe siècle : -a > -ə) /tʃòːzə/
> (vers l'an 1200 : désaffrication)òːzə/
> (amuïssement de -ə, fermeture ò > ó) /ʃóːz/ → fr "chose"


Les quatrièmes palatalisations dateraient de la première moitié du Ve siècle ; la monophtongaison de la fin du Ve siècle.



Occitan : aʋ̯ latin inchangé     (parfois > òʋ̯ ).


En position atone : parfois óʋ̯, voire ʋ dans certaines régions (voir diphtongues atones). Par exemple : aucĕllŭs > aucèu, aurĭcŭlă > aurelha, *maurĭcŭlă > maurilha.





3. Devenir de au dans la Romania


Dans la Romania, seuls l'occitan, le roumain, le sarde et le sicilien conservent la diphtongue latine au. Le portugais la conserve aussi, mais dans une moindre mesure.


Pour le portugais, la diphtongue ou (Serge Bouttier, 2008) a quasiment disparu et est en général prononcée [ó], comme dans ouro "or".


(GLR1:249) : (étude peu rigoureuse) "La diphtongue au s'est conservée dans le sarde-sicilien, l'albano-roumain et en béarnais, tandis qu'en provençal et dans le rhétique occidental elle est actuellement devenue åu ou plus habituellement ou ; en portugais elle a avancé jusqu'à ou, et de là à o dans les dialectes portugais du Nord." Chez l'auteur, concernant le provençal ; son affirmation est erronée : en provençal, /óʋ̯/, /ʋ/ est réalisé seulement en position prétonique, mais en position tonique, on a bien /aʋ̯/ : causa /kaʋ̯zo/.

Autour du domaine occitan, il y a eu monophtongaison. Exemple, pour le latin causa : cosa (catalan, castillan), "chose" (français), cosa (italien) (mais il faudrait étudier les dialectes italiens et francoprovençal).


En français, en position tonique, la monophtongaison de la diphtongue latine -au- a lieu à la fin du Ve siècle (IPHAF:117,189). En catalan et en castillan, elle a lieu au IXe siècle (MLR:547). En italien : ?


La même évolution atteint la diphtongue au secondaire : fāgŭm > oc fau /faw/ "hêtre", fr.dial. fou /fʋ/, fau /fó/.




4. Tendance latine au > ō


Dès le latin de l'époque classique LPC, la diphtongue au subit une tendance à la monophtongaison en -ō- en langage populaire dans certains mots à l'initiale (cauda > cōda, Claudius > Clōdius), avec des réactions savantes et des hypercorrections (Cau/cō:90-92). Voir aussi claudĕrĕ > clūdĕrĕ "clore". En LPT1 apparaît une tendance à la disparition de la diphtongue -au- en prétonique (syllabes précédant la syllabe accentuée) : Prob auris non oricla = il faut écrire auris, et non oricla (Ursula Reutner in MLR:206). Mais encore en provençal aujourd'hui, la diphtongue est maintenue dans aurelha.


caudă : scénario.


caudă(m)  */kaʋ̯ða/
> (monophtongaison antique générale) cōdă(m) */kóːða/ AO cza, cda, (d en Aquitaine) coda
> (amuïssement très ancien et quasi-général de d intervocalique) */kóːa/


occitan
Voie 1.
> (à partir du XIVe s. /ó/ >/ʋ/) /kʋːa/
coa /kʋa/, /kʋo/
(notamment 04, 06, sud-12, sud-81, partie de 32)
> (basculement d'accent oa > oa) /kʋ̯a/ coà /kwa/
(très répandu en Provence jusqu'en domaine fr.pr. et de là jusqu'à 87, 24)
Voie 2.







français

> (VIe s. : -a > -ə) */kóːə/
> (évolution française de ó, amuïssement de -ə)
fr "queue" /këː/, dial. coue /kʋ/











amuïssement de -d- également précoce (mais les variantes AO cza, cda existent). (niç) cova


(voir aussi : Festus, grammairien, IIe siècle : "rustici aurum orum dicebant aut auriculas oriculas")





5. Tendance latine au > a

 


6. Effet de au sur la sonorisation de la consonne subséquente


En domaine d'oïl, l'occlusive qui suit au est sonorisée puis amuïe :

aucă > *auga > */òɣa/ > /óə/ > a.fr. oe, oue, fr. "oie"


En domaine d'oc, la diphtongue au bloque la sonorisation dans de nombreux cas :

aucă > oc auca "oie"


Voir effets de la diphtongue au sur la consonne subséquente.




B. ai > æ > è/é

(d'après PHL4:59-61)


/a/

> (courant du IIIe siècle avant J.-C.) /aé̯/   écrit æ

voie 1. > (début du IIe siècle avant J.-C. à Rome) /èː/   toujours écrit æ, pour transcrire /èː/

voie 2. > (quand ? dans les campagnes) /éː/   écrit é


Selon PHL4:59, les nombreuses occurrences de prehendō et prēndō (< *praihendō) "je prends" dans Plaute prouvent que la transformation /aé̯/ > /èː/ était déjà accomplie.


*præhĕndō > *prēhĕndō > prĕhĕndō > prēndō


dans les campagnes autour de Rome, ē issu d'un ancien ai n'avait pas, comme à Rome même, un timbre ouvert, mais au contraire un timbre très fermé, pareil à celui de l'ē latin primitif.



Attestation antique :



Varron ling. 7, 96 : rustici pappum Mesium, non Maesium

"Les gens de la campagne appellent le vieillard (raillé dans les farces populaires) Mesius, et non Maesius."




Dans Prob on trouve :


caelebs non celeps "le bon mot est caelebs [célibataire], pas celeps".


(Il faut rechercher l'explication la plus probable de cet item)






Apparition de la nouvelle voyelle è, conséquences


F. de La Chaussée (IPHAF:175) signale que dans Pomp (donc avant 79 après J.-C.), "æ se confond avec ĕ, non avec ē". "Le sentiment de la quantité devait commencer à s'oblitérer".


Le timbre franc /è/ pour æ est nouveau dans le système vocalique latin (voir voyelles latines), bien qu'il existe déjà dans les emprunts au grec (ci-dessus). Il est différent du timbre de ĕ légèrement ouvert/. Il est sans doute apparu dans une partie populaire de la société et il a dû marquer les locuteurs, d'autant plus que ce nouveau timbre était long (/èː/) puisque provenant d'une diphtongue, et souvent accentué.


Le timbre /è/ apparaît "massivement" au moment de la mutation vocalique à partir du IIe siècle.


Dans certains mots comme sætăm (> seta, soie), la diphtongue æ a évolué en /é/. Cela s'expliquerait par une monophtongaison plus précoce, "avant le bouleversement du vocalisme, alors que le latin n'avait de E long que fermé"(IPHAF:176).


Avec le nouveau système vocalique, toute voyelle accentuée devenait longue, donc les brèves de l'ancien système s'allongaient si elles portaient l'accent tonique. Donc par exemple dans cælŭm, la prononciation /kèːlʋ/ était devenue acceptable, du moins dans la partie populaire de la société.





Remarque : emprunts au grec et hellénismes :


Le caractère æ servait à noter le η grec, soit e long ouvert (IPHAF:176). Mais il servait aussi à noter la diphtongue grecque αι /ai̯/.


σκηνή (skènè) > (emprunt au grec) lat sæna "scène"

σκῆπτρον (skèptron) > (emprunt au grec) lat scæptrum "sceptre"

(PHL4:59)


Remarque : pour certains mots, il est difficile de trancher :

- position atone, forcément fermée (voir fermeture des atones) : cæmĕntŭm > oc ciment "ciment" (de plus ici, effet fermant de c devant e) ;

- effet fermant de nh : *prægnĕm > < oc prenh "enceinte, gravide"...




latin LPC

latin LPC
(Ier après J.-C.)

aboutissements en occitan
æ

/èː/

/è/
æquă(t)

*/éːkwat/

AO ȩga, enga, iga "(il) égalise" ()
æstĭmă(t)

*/éːstimat/

AO ȩsma, "(il) estime"
cæcŭ(m)

*/kèːkʋ/

AO cȩc "aveugle" (1)
cælŭ(m)

*/kèːlʋ/

cèu "ciel"
fæcĕ(m)

*/fèːkè/

AO fètz "lie ; fiente ?", feça
græcŭ(m)

*/grèːkʋ/

grèc "grec"
jūdæŭ(m)
*/yyʋːðèːʋ/

AO jusȩu > jusieu "juif" (2)
læsŭ(m)

*/lèːsʋ/

fr "lèse" dans "lèse-majesté" ()
lætŭ(m)

*/lèːtʋ/

AO lȩt "joyeux", a.fr. liez (3)
mæstŭ(m)

*/mèːstʋ/

AO mest, niç mèst "triste"
quærĕō

*/kwèːryóː/

AO quȩr, quiȩr "(je) cherche"
quæsĭtă(m)

*/kwèːsita/

AO quȩsta "quête" > (l) quèsta
rōmæŭ(m)

*/ró:mèːʋ/

AO romȩu > romieu (2)
sæcŭlŭ(m)
*/sèːkʋlʋ/

AO sȩgle, siègle (g), sègle (béar) (4)
sphæră(m)


AO espȩra, a.fr. espere (è?)  (5)





æ

/é:/

/é/
æquŭ(m)

*/éːkwʋ/

AO ga, iga "sorte d'impôt" ()
blæsŭ(m)

*/bléːsʋ/

AO bls "blois" ("qui articule mal")
cæpă(m)

*/kéːpa/

ceba "oignon"
læsŭ(m)

*/léːsʋ/

AO leza dans leza magestat, a.béa. illés "non lésé", béa les "lésé" (6) ()
prædă(m)

*/préːda/

presa "proie"
*prægnĕ(m) (7)

*/préːŋnè/

AO prnh > prenh "enceinte, gravide" (7)
præstō

*/préːstóː/

prest "prêt"
sæpĕ(m)

*/séːpé/

AO sp "haie" (voir sebissa)
sætă(m)

*/séːta/

seda "soie"
tæsă(m)
*/téːsa/

AO teza > tesa "torche"






Tableau : monophtongaison de æ et œ. Selon les mots, æ a pu évoluer en /è:/ ou en /é:/, comme expliqué ci-dessus. Les voyelles obtenues sont conservées en occitan. En français, la diphtongaison romane a réalisé l'évolution /è/ > /iè/, et la diphtongaison française a réalisé l'évolution /é/ > /wa/ ("proie"). Voir "Clivage oc / oïl" diphtongaison romane, diphtongaison française.

Cas particuliers en français : é > ei devant n ("peine"), mais "foin" est une variante dialectale favorisée par la nécessité d'éviter l'homonymie avec "faim", CNRTL).


(1) voir étude de cæcŭm.
(2) judæŭm > jusèu et rōmaeŭm > romèu ont subi la diphtongaison eu > ieu, donc > jusieu et romieu (rōmaeŭs est un hellénisme, DCECH, ainsi que judæŭm).
(3) lèt "joyeux" : le DOM donne bien lȩt /lèt/, et l'italien lieto confirme la valeur de "e ouvert" en latin parlé tardif. Liez a influencé laetitia > "liesse".
(4) sæcŭlŭm a aussi donné sēcŭlŭm (DFL). En occitan et en français, son évolution est "demi-savante". La variante occitane siècle semble tardive (francisme : GIPPM-1:202). Voir étude de sæcŭlŭm.
(5) Pour sphærăm, pour expliquer le p dans espȩra, FEW 12:170b donne un emprunt au latin médiéval, pourtant je me demande si on ne peut pas y voir un emprunt très ancien au grec, voir emprunts au grec ph.
(6) Pour læsŭm, le mot béa les est donné dans FEW 5:129a.
(7) Pour *prægnĕm, il est difficile de dire si æ avait la valeur /è/ ou /é/ : un /è/ est possible, qui aurait subi la fermeture devant ñ, mais ce /è/ aurait pu subir aussi la diphtongaison conditionnée par ñ.






C. oi > ū, œ > u, é

(PHL4:61-63)


/

> (courant du IIIe siècle avant J.-C.) é̯/   écrit œ

1. > (intermédiaire) /óː/

> (début du IIe siècle avant J.-C.) /ʋː/   écrit u

2. (après occlusive ou sifflante labiale) > (Ier siècle après J.-C.) /éː/   écrit œ, très rarement e







latin LPC

latin LPC
(Ier après J.-C.)

aboutissements en occitan





œ

/é:/

/é/
fœnŭ(m)

*/féːnʋ/

fen "foin" (1)
fœtă(m)

*/féːta/

feda "brebis"
fœtŭ(m)

*/féːtʋ/

AO fet "fœtus, embyon"
pœnă(m)

*/péːna/

pena "peine" (2)






Tableau : évolution de œ.

(1) Pour fœnŭm, le français aboutit à "foin", qui est une variante dialectale favorisée par la nécessité d'éviter l'homonymie avec "faim" (CNRTL "foin"). Voir le type "foin".

(1) Pour pœnăm, le français aboutit à "peine" : voir type "plein".






D. ei > ī > i

(PHL4:58-59)


/

> (début IIe siècle avant J.-C.) /éː/  écrit e

> (première moitié du IIe siècle avant J.-C.) //   écrit i




E. eu > ū > u


Pour la diphtongue latine eu : il y a eu monophtongaison eu > ou > ū à l'époque prélittéraire latine (avant 250 avant J.-C.) (PHL4:64).


Il existe quelques cas particuliers :


- neutrŭm (prononciation en trissyllabe [né-ʋ-trʋ] ? PHL4:64) →  nèutre ;


- la diphtongue eu peut être secondaire, par exemple tēgŭlŭm > teule, avec possibilité d'évolution eu > ieu ;



F. ou > ū > u

Mais en traitement plébéien : ou > ō (ALLRL:15) :


it. com. *roʋ̯p-í- f. "brisure" > *rōpĭca "roche" alternant avec un gén. pl. *rŏccārum, d'où le type *rŏcca f. "roche".






II. Indo-européen → grec → occitan (étude des diphtongues)
 


Voir la diphtongue grecque ευ > au à partir du "grec de Marseille" (τευθίς teuthís "calamar" > tautena "calamar"). Mais il est aussi possible que teutena > tautena provienne d'une différenciation é-é > a-é.


Aussi : gaulois leuca, leuga > lèga "lieue" : *leuxos > ulhauç, eslieuç "éclair".











Vers le Ier siècle après J.-C., les diphtongues æ /a/ et œ/, d'origine indo-européenne, sont réduites (monophtonguées), en voyelles simples longues : respectivement /èː/ et /éː/ (notés /ε:/ et /e:/ selon l'API) (mais æ > /éː/ est possible).


L'évolution a dû être la suivante :

pour æ :  /ai̯/ > (assimilation) /èi̯/ > (assimilation) /èː/  (mais /éː/ est possible)

pour œ : /ói̯/ > (assimilation) /óé̯/ > (bascule) /ʋ̯é/ > (assimilation) /éː/


(voir les mots assimilation, bascule)


(sources : IPHAF:176 ; et pour le détail de l'évolution : DLCALI:87, 88, adapté).



Caractères médiévaux ȩ et

Il faut noter que dès le VIe siècle, les copistes remplacent parfois æ des textes latins par e caudata : ȩ, appelé aussi "e cédillé", avec la valeur /è/. Puis les scribes médiévaux peuvent utiliser ȩ pour exprimer le son /è/ (ancien occitan, ancien français, etc.).

Même chose pour œ, qu'on a pu remplacer par "e point souscrit" , avec la valeur /é/.

(sources à mettre)