Voir aussi deuxièmes palatalisations : réflexions sur la répartition géographique des aboutissements de ce, ci, ge, gi.
(en construction)
Exemple : pour /ka/ en
France (voir carte 233 ALF "chanter") :
- /t
- /ts/, /s/
;
- /f/ en un seul point, en Savoie.
Belgique (wallon oriental, voir carte 233 ALF "chanter") :
- /t
Suisse :
- /ts/ (/s/) (franco-provençal des cantons de Genève, de Vaud, du Valais) ;
- /t
Voir aussi cas de lge, lgi, rge, rgi.
Au regard de cette description, je ne
pense donc pas qu'il existe une "logique simple" dans la répartition
géographique de toutes ces variantes. Les palatalisations présentent
une hétérogénéité. À propos des premières palatalisations t + ĕ, ĭ, c + ĕ, ĭ, T. Alkire et C.
Rosen s'expriment d'ailleurs ainsi : (à propos des
En effet, s'il existait une "logique
simple", en français on dirait :
- soit "argent", "chat" et "merchi" ;
- soit "arzent", "sat" et "merci".
On retrouve toutes ces formes dans les dialectes.
T. Alkire et C. Rosen poursuivent : (trad.angl.) "De même, l'ancien espagnol avait
[ts] pour les
L'apparition des différentes voies (exemple /ardjè̃/, /ardzè̃/ pour argènt) repose sur des faits très
anciens, peut-être des prononciations propres aux substrats (langues
antérieures au latin).
Pour expliquer l'hétérogénéité des palatalisations (double
hétérogénéité), il est fort probable que dans de nombreuses
régions, les aboutissements fussent orientées par des critères
du "bien parler". Par exemple G. Millardet signale (LDR:243) : "[...] les patois modèlent leur état
phonétique sur celui des idiomes socialement supérieurs. En Émilie, le
lat. diurnum devait donner, et
a donné effectivement, źorn (ź = dz), qui est devenu ǵorn
(ǵ = dj) par application du
phonétisme toscan. La même substitution de traitement s'est opérée en
Lombardie : les anciens textes milanais écrivent zorno,
zurare < jurare, où z
est la notation d'une mi-occlusive dentale (dz)
: aujourd'hui la prononciation générale est ǵorn,
ǵüra".
Voir synthèse à PH-2020:269-270, remarque1, notamment pour la différence entre "interprétation strakaïenne et "décomposition d'une consonne palatale", et surtout PH-2020:370-372.
Le i diphtongal de transition (SMAF) est lié aux palatalisations, plus
exactement aux demi-palatalisations
; c'est par exemple le i dans
baisar (bāsĭārĕ
> baisar). On a l'impression que du latin aux idiomes
actuels, le i s'est déplacé
vers l'avant. Pour cette raison, on a appelé ce i
"yod de glissement", et le phénomène "anticipation du yod".
Cependant il ne s'agit pas d'un yod, qui est une consonne, mais bien
d'un i, qui est une voyelle
(voir IPHAF:74, voir ci-dessus différence
entre
yod et i). Cela a un
effet différent sur la consonne
Voir aussi le problème des types de diphtongaison conditionnée dans cĕrĕsĭăm, mĭstĕrĭŭm.
L'apparition du i diphtongal est provoquée par un effort articulatoire qu'ont dû réaliser les locuteurs en prononçant une consonne demi-palatale (issue d'une consonne difficile à palataliser : r, s ou t) : la voyelle précédant la consonne palatale se déforme à la fin de son articulation pour donner un i.
Au cours des différentes palatalisations, le i diphtongal de transition est apparu dans les cas suivants, en avant de la consonne qui s'est palatalisée. Les palatalisations concernées sont les suivantes.
Remarque : ce i diphtongal
est apparu dans
davantage
de situations en français comparé à l'occitan (partie "clivage oc
/ oïl").
(a. Palatalisation de n + ĭ, ĕ en hiatus (premières palatalisations) : malgré quelques suppositions d'auteurs, il n'y a pas dû y avoir de i diphtongal)
b. Demi-palatalisation
de
sc + ĭ, ĕ en hiatus
(premières palatalisations) : pĭscĭōnĕm
> peisson (le cas de mĭnācĭăm
> menaça montre que le s
devant k est nécessaire)
c. Demi-palatalisation
de
t (et ct,
st) + ĭ, ĕ en
hiatus (premières palatalisations) : pōtĭōnĕm
> poison (mais pas toujours
: rătĭōnĕm > rason / raison,
sătĭōnĕm > sason / saison) ;
ăngŭstĭăm > angoissa.
Parfois en français, le i apparaît dans d'autres situations : rŭstĭcŭ(m)
> a.fr. ruiste
(CNRTL "rustre",
"rustique").
d. Demi-palatalisation de (s)s + ĭ, ĕ en hiatus (premières palatalisations) : bāsĭārĕ > baisar ; *bassĭārĕ > baissar.
e. Demi-palatalisation
de
r + ĭ, ĕ en hiatus
(premières palatalisations) : vărĭāre
> vairar.
f. Palatalisation de sc + voyelle non en hiatus (deuxièmes palatalisations) : fascĕm > fais, nāscĕrĕ > naisser.
(g. Palatalisation de ce, ci en position faible (troisièmes palatalisations) : c'est seulement en d que le i diphtongal apparaît (crois "croix", nòis "noix"))
Ce i diphtongal n'existe pas en espagnol, ni en italien (palacio, palazzo, razon, ragione), et pas toujours en occitan (rason, sason). En catalan : baixar et ?... Il semble donc limité à peu près au domaine de la Gaule (réflexion personnelle, à développer).